lundi 23 avril 2012

Hansje Van Halem


L’apparition de l’ordinateur et des nouvelles technologies associées a apporté des changements drastiques dans la manière dont les typographies ont été conçues et utilisées. Les graphistes et typographes craignaient alors que cette mécanisation entraîne la disparition des normes établies et des règles typographiques. Pour répondre à ces évolutions qui menaçaient la façon traditionnelle de travailler des concepteurs graphiques, il était évident qu’ils repensent leur façon de concevoir la typographie. C’est ce que fit Hansje Van Halem, designer graphique originaire d’Amsterdam, passionnée de dessin de lettres, d’édition et d’imprimés de toutes sortes. 

Halem (Hansje Van), affiche pour la galerie W139, 2009.

En 2003, après l’obtention de son diplôme à la prestigieuse Gerrit Rietveld Académie, elle décide de se lancer en tant que designer graphique indépendante. Son travail, basé essentiellement autour de la conception de typographies, se distinguera alors en plusieurs phases. Après l’utilisation presque méthodique de la palette graphique et de la conception infographique, elle se tournera petit à petit vers un univers plus proche des techniques traditionnelles de dessin et investira le médium numérique en parallèle de son travail manuel. Son approche plastique du dessin de lettres devient alors, selon elle, une manière d’entrevoir une liberté de mouvement, une finition beaucoup plus naturelle et moins mathématique. 

Parmi les travaux les plus représentatifs de son univers, l’alphabet complet Doily (2009) confirme son désir de créer manuellement ses propres alphabets. Constitué entièrement de lettres dessinées au stylo à pointe fine, il développe une gestuelle ornementale forte et joue avec les pleins et les vides. Sa déclinaison sous forme d’affiche pour la galerie W139 confirmera l’intensité de ce vocabulaire graphique et la place importante accordée aux détails. Toujours dans un souci de subtilité et d’appréciation de la finesse du dessin de ses caractères, Hansje Van Halem s’efforcera alors de conserver une échelle assez importante et de ne réaliser ses graphismes qu’en noir et blanc, préférant la couleur sur le papier lui-même. Dans la lignée de ce projet entièrement réalisé à la main, l’affiche pour une exposition de Job Wouters à la galerie Schrank8 (2010) justifiera son envie de donner davantage de relief et d’envergure à des objets de communication.

Halem (Hansje Van), affiche pour une exposition de Job Wouters à la galerie Schrank8, 2010.

Halem (Hansje Van), Typographie Doily, 2009.

Alors que certaines typographies semblent être réalisées de manière aléatoire et incontrôlée, elles sont en fait le symbole d’un calcul, d’un rythme et d’une création systémique. On peut le voir notamment à travers son alphabet ForgeType (2006) réalisé pour une commande et appliqué dans un livre. À première vue conçue avec un geste nerveux, cette typographie est en fait le témoin d’une « énergie électrique » dessinée numériquement. 
Elle dépeint alors un ensemble de contrastes, de saturation et de texture.

Cette dernière notion sera d’ailleurs le procédé maître de sa typographie numérique 3D. En effet, l’effet de texture intervient selon elle dans la manière dont sont gérés les noirs et les blancs de la lettre. La 3D permet alors de considérer la lettre comme un objet et d’élargir les règles qu’elle applique au dessin. C’est cette approche d’une nouvelle dimension qui la conduira petit à petit à des expérimentations dans le champ du design d’objet. La couture, le tissage de dentelles, les découpes laser et le dessin de lettres au pyrograveur seront pour elle des moyens de créer une ampleur supplémentaire et de définir un nouveau langage graphique en corrélation avec sa démarche de « plasticienne ».

Aujourd’hui enseignante à la KABK de La Haye, Hansje Van Halem emploie davantage ces textures fibreuses et alvéolées dans le domaine de l’édition. Son approche à la fois moderne et féminine déviendra alors un des piliers de l’art illusoire et de l’ornement qu’elle tendra plus encore à développer.

> Pour aller voir son travail : Hansje Van Halem.

Coraline Gaillard, DSAA, LAAB Rennes Bréquigny, avril 2012.

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