mardi 24 avril 2012

FRANCOIS BOLTANA






François Boltana, né en 1950 et mort en 1999 à Toulouse, est un calligraphe et créateur de caractères français. 
Celui-ci vécu la typographie à son instant probablement le plus décisif. En effet la France des années 1950 dans laquelle il naît connaît une période de renouveau typographique sous l’impulsion de personnalités comme Roger Excoffon, Adrian Frutiger ou encore Maximilien Vox. La typographie prend part désormais du quotidien, elle est présente dans le métro, les aéroports, la ville... Il y a désormais une réelle attention portée à celle-ci; la typographie est dorénavant sobre et fonctionnel, pour une reconnaissance immédiate et une lisibilité maximale.
Élève du Scriptorium de Toulouse à 18 ans, il publie ses premiers caractères dans la prestigieuse maison Hollenstein dès l’âge de 22 ans et son premier caractère international à 23 ans chez Letraset, le Stilla, qui incarne à lui tout seul le psychédélisme débridé des années 1970, en plein âge d’or de la photocomposition.
Ensuite, graphiste indépendant de 1975 à 1997, directeur artistique à partir de 1997, il poursuit une recherche approfondie, notamment sur la numérisation informatique de polices calligraphiques (Champion) alors que l’informatique n’en est qu’à ses débuts. Il est l’un des premiers créateurs de caractères à commercialiser directement ses œuvres.

Boltana, ou la révolution de la typographie numérique

François Boltana a ouvert la voie de la typographie moderne, alliant le geste calligraphique à une virtuosité technique et technologique. Il décode en 1989 la calligraphie de l’Anglais Joseph Champion et en propose l’année suivante une version complète et informatisée – c’est l’OpenType avant la lettre. En effet il a été un précurseur de l’OpenType, de la fonderie personnelle et indépendante, du souci de protéger son travail de créateur et d’auteur. Il fut aussi parmi les tout premiers créateurs de caractères à vendre directement ses polices de caractères, ouvrant la voie à la typographie indépendante telle que nous la connaissons aujourd’hui.



Il semblerait que François Boltana ait ouvert un sillon à travers les recherches de Mendoza ou Excoffon. Celui ci s’est imposé dans cette période de transition, entre cet âge d’or révolu et notre présent numérique.

«François Boltana incarne de façon singulière cette transition car il l’a abordée un peu par nécessité, un peu par accident, par passion, résolument, et non selon un dessein préconçu.» affirme Frank Adebiaye, auteur de François Boltana (1).  La typographie, Boltana l’a apprise et conçue par un sentiment d’urgence, guidé par un instinct d’un ébranlement inéluctable; très certainement, François Boltana a crée dans cette conviction que la typographie évoluait.


Cet instant décisif fait part de l’expérience fulgurante de la limite en typographie. À quel point la machine peut-elle imiter le mouvement de la main ? À quel point deux signes adjacents peuvent-ils se mêler l’un à l’autre, sans déroger aux règles de la lisibilité ? À quel point une création typographique peut-elle devenir une création personnelle ? Ce sont ces questions auxquelles se confronte Frank Adebiaye dans son ouvrage (1).
Boltana s’est lancé dans la typographie numérique, mû non par des considérations techniques, mais porté par une envie d’indépendance. C’est un fil conducteur, dans l’ensemble de son travail. 
On remarque, à l’image des autres pionniers de la typographie numérique (Emigre et Adobe), Boltana ne tombe pas dans une redite de l’écriture manuelle. Il a su introduire au contraire une forte dose de subjectivité et de sensibilité. C’est un typographe, formé à toutes les techniques de la calligraphie ayant su manier l’outil informatique. On constate en effet que la Stilla (sa typographie la plus connue) illustre ce double tranchant de part sa liberté de la graphie exprimée à travers l’outil informatique permettant notamment des pleins et déliés esthétiques.


On remarque que les problèmes que dut résoudre Boltana en son temps sont les nôtres aujourd’hui à commencer par le problème des licences et de la commercialisation des caractères typographiques au sein d’une structure indépendante.
François Boltana préfigure parmi les premiers à allier la maîtrise de la calligraphie à l’aisance technologique dans la plus grande tradition de la lettre latine.

Pour terminer, on constate que c’est avec justesse, précision et d’exactitude, que François Boltana transpose en courbes de Bézier une écriture agile et calligraphique. à travers l’outil informatique, Boltana n’a pas perdu son expressivité ni même sa virtuosité, mais la technologie lui a permis une plus grande liberté de création. 

Marion Thébault, DSAA, LAAB Rennes Bréquigny, avril 2012.

(1) François Boltana et la naissance de la typographie numérique par Franck Adebiaye et Suzanne CARDINAL aux édition Atelier Perrousseaux.




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